L’infini ne peut se décrire dans la langue du fini -



Il y avait une fois une poupée de sel qui voulut mesurer les abimes de l’océan.
Elle emporta pour cela une ligne de sonde et un plomb. Elle arriva au bord de l’eau et contempla le puissant océan qui s’étendait devant elle. Jusqu’à ce moment, elle restait toujours la même poupée de sel, et conservait son individualité propre. Mais à peine eut-elle fait un pas de plus, à peine eut-elle posé le pied dans l’eau, qu’elle ne fit plus qu’un avec l’océan.
Elle était perdue, il était impossible de la voir!

Toutes les particules de sel qui la composait s’étaient dissoutes dans l’eau de mer. Le sel dont elle était faite provenait de l’océan, et voila qu’il avait fait retour à l’océan pour s’unir de nouveau à lui.
Le « différencié » était redevenu un avec l’ « indifférencié ».
L’âme humaine est comme cette poupée de sel, l’ego est le différencié. L’absolu, le non-conditionné est l’océan salé infini, l’indifférencié.
La poupée de sel ne pouvait pas revenir expliquer la profondeur du grand océan.
Tel est le cas de celui qui a le bonheur de réaliser le Dieu absolu dans les profondeurs de l’océan qui efface toute individualité. Indifférencié comme il est, il ne peut pas ressortir des abimes pour expliquer au monde la nature du Dieu absolu et non-conditionné.

Et si jamais, par la volonté de ma Mère, il était possible à la poupée de sel de redevenir à l’état différencié, elle devrait s’exprimer en fonction du limité, dans le langage de la différenciation ; elle devrait se comporter comme un habitant du monde relatif et phénoménal. C’est pourquoi le grand mystère défie toutes les tentatives faites pour l’expliquer. L’absolu, le non-conditionné, ne peut pas être exprimé en fonction du relatif et du conditionné. L’infini ne peut se décrire dans la langue du fini.
Râmakrishna

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